Xien Txi : passementière aux mains d’or !
Xien Txi est cambodgienne. Elle est arrivée en France à 23 ans et pourtant elle ne parle presque pas la langue de Molière. C’est un peu comme si elle n’en avait jamais éprouvé le besoin. Car son moyen d’expression à elle, ce sont ses mains. Son sourire aussi… Elle vient de passer 38 années à fabriquer des embrases uniquement avec du fil et une aiguille.
Trente huit ans qu’elle se lève chaque matin, prend le métro jusqu’à la station Nation et marche ensuite jusqu’à l’atelier de la Passementerie Verrier situé dans le XXe arrondissement à Paris, boit son café, mange quelques fruits et s’assoie à 8h30 pour démarrer ses créations. « Si j’avais su que mon premier travail serait aussi le dernier ! Le temps est passé si vite. » dit-elle.
A l’époque c’est un ami qui lui parle de cette entreprise qui recrute. Jeune immigrée à peine arrivée en France, elle décide de tenter sa chance. « Il m’a transmis les gestes. Au début je ne faisais que regarder… J’ai mis trois ou quatre ans à apprendre mon métier. Et puis ensuite, c’était parti ! » Il faut dire que Xien Txi a toutes les qualités que requière la passementerie. La patience d’abord, le calme et puis elle est capable de rester sept heures sur de tous petits détails.
« J’adore travailler avec mes mains et j’aime beaucoup les choses minutieuses donc ce métier est vraiment fait pour moi ! »
Des qualités qui lui permettent de proposer une centaine de créations par an et d’entamer régulièrement des projets ambitieux. Comme les embrases du château de Versailles d’abord, de l’ambassade d’Allemagne ou de l’hôtel Crillon à Paris. « Des projets merveilleux ! Les formes, les couleurs… C’était fou ! Et puis surtout le client était très content et ça c’est le plus important pour moi. »
Si la technique des plus artisanale n’a pas subi de grande révolution durant toutes ces années, Xien Txi Truong a tout de même vu le marché évoluer.
« Avant les créations étaient très classiques. Ca donnait une image vieillotte de la profession. Mais nous avons du évoluer pour survivre. On a changé les formes et les couleurs. Désormais les embrases sont ultra modernes malgré un savoir-faire ancien. Et ça, j’adore ! »
Dans trois ans, Xien Txi prendra probablement sa retraite « parce qu’il faut bien s’arrêter un jour ! » Pour l’instant, elle en profite pour transmettre les gestes aux plus jeunes dans l’atelier. Et puis surtout elle continue à vivre de sa passion et de répertorier les photos de toutes ses créations. Sans doute aura t’elle plaisir à les revoir. Après 40 années elle mettra fin à cette routine qui l’a tant portée.
Texte et Photogrpahies : Jessica Lia
Ce sujet vous a plu ? Ne manquez pas un voyage au coeur de la Passementerie Verrier en cliquand ici !