Mydriaz, Bronzier d’art !
Direction le Viaduc des Arts à Paris ! Si vous ne connaissez pas encore la rue Daumesnil, la visite vaut le détour puisque vous aurez devant vous une vitrine unique de l’artisanat, des métiers d’art et du design français. Premier reportage de ma série dédiée aux Journées européennes des Métiers d’Arts, je vous emmène à la rencontre de Mydriaz, qui revisite le travail de bronzier d’art en produisant des luminaires et des objets en laiton de haute facture. Trois artistes venus à l’artisanat d’art par la volonté de maîtriser le processus de création de bout en bout, combinent leurs expériences respectives pour instaurer un dialogue entre design, arts plastiques et arts appliqué.
Qui êtes-vous ?
Malo : Nous sommes bronziers d’art. Mydriaz est un atelier de création et de fabrication de luminaires contemporains. Nous nous orientons de plus en plus vers le mobilier aussi.
« La Mydriaz c’est le phénomène de dilatation de la pupille sous l’effet de l’obscurité, du plaisir ou d’un choc. Ca parle de l’œil, de la lumière… »
En plus c’est un nom qui a des origines grecques et nous cherchions quelque chose d’intemporel.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Malo : Cyril et moi nous avons fait les beaux Arts. L’un en sculpture, l’autre en photo, peinture et vidéo… Nous nous connaissons depuis une vingtaine d’année.
Quant à Jennifer, je l’ai rencontrée il y a 10 ans autour d’un crocrodile préhistorique qu’on était supposé socler dans le Musée d’Histoires Naturelles de Paris ! Elle a fait l’école Boule. C’est elle qui a la formation « Artisan d’Arts ». Ensuite, nous avons eu envie de partager un atelier. On a lancé l’entreprise il y a 8 ans dans un petit atelier à Montreuil, et ça fait 2 ans qu’on est ici sous les voûtes du Viaduc des Arts.
Vous en êtes-où aujourd’hui ?
Cyril : Nous avons fait face à tellement de chantiers exceptionnels ces deux dernières années qu’il n’y a plus grand chose qui nous fait peur ! Ca a été un peu le passage à la maturité.
Nous avons maintenant un gros client, et ça change tout ! Nous collaborons avec la maison Cartier, notamment avec la construction de luminaires pour leurs boutiques.
Jennifer : On n’y croyait pas trop au début. Le projet était vraiment ambitieux avec notamment deux lustres de 9 mètres de long ! Quand le devis a été validé, on était super heureux. Nous avons commencé par Dubai puis Cannes… Et ça a pris !
Cyril : Même humainement c’est énorme. On est arrivé à trois. Aujourd’hui on a 7 personnes à plein temps et d’autres qui sont là par intermittence. Jusqu’à 18 personnes !
Jennifer : C’est vrai qu’on se permet plus de chose aujourd’hui qu’on ne pouvait pas se permettre il y a quelques années encore. Avec cette assise financière, nous pouvons par exemple travailler avec un verrier, faire de l’expérimentation…
« Nous sommes fiers d’appartenir à cette nouvelle génération d’artisans, qui fusionne les inspirations et mélange les savoir-faire.»
Où trouvez-vous l’inspiration pour créer ?
Malo : Chaque pièce a sa propre histoire. Parfois c’est un peu au hasard. Parfois ce sont les plantes, la nature, la géométrie, l’espace ou même un pitch du client.
Cyril : Nous sommes aussi force de proposition. Les gens viennent nous voir pour ça.
Où pouvons-nous apercevoir vos créations ?
Cyril : Principalement avec la maison Cartier cette année. Nous nous sommes occupés d’une quinzaine de boutiques dans le monde.
Malo : Il y a deux lieux publics aussi. L’hôtel Nolinski Avenue de l’Opéra à Paris et le restaurant du vieux Colombier à Paris.
Comment je reconnais un de vos lustres ?
Malo : c’est super bien fait ! (rire)
Jennifer : il est forcément en laiton !
Cyril : C’est vrai que le degré de finition est très élevé. Nous sommes très exigeants.
« A l’atelier tout le monde sait tout faire. C’est aussi ça être artisan. »
On est tout le temps en train de fabriquer des choses, des outils… le tout en étant gérant.
Quel est votre prochain projet ?
Cyril: Il n’y en a pas un mais plusieurs ! Ce sont des réalisations très ambitieuses mais nous ne pouvons pas en parler.
De manière générale, dans notre métier c’est un peu ça qu’on attend. Ce fameux mail de personnes qui ont besoin d’un lustre monumental dans un hall d’hôtel ou dans une cage d’escaliers. Ce sont les architectes qui viennent vers nous.
Jennifer : On aimerait quand même bien dessiner de A à Z tous les luminaires pour un hôtel. Ca serait super que les gens disent: « On veut du Mydriaz ! »
Une de vos pièces est présentée en ce moment aux Gobelins dans le cadre de l’exposition «Métiers d’art: Signatures des territoires ». Vous pouvez m’en parler ?
Oui ! Vous pourrez la voir dans la région Ile-de-France. C’était un prototype qu’on a terminé tout spécialement pour l’exposition.
On travaille avec les techniques des anciens mais on souhaite aussi être dans l’air du temps. Donc on essaie de développer nos propres techniques et on fait plus confiance à l’accident !
N’hésitez pas à aller vous aussi visiter l’atelier Mydriaz lors des Journées européennes des Métiers d’Art qui auront lieu du 1 au 6 avril 2019.
Mydriaz : 83-85 Avenue Daumesnil, Paris 12
Reportage réalisé en collaboration avec L’INMA, Institut National des Métiers d’Art.
Texte et Photographies: Jessica Lia @thefrenchmakers