Anais Guery: couleur indigo

Cette semaine je vous emmène à la rencontre d’Anaïs Guery, styliste et designer textile ! A 33 ans, la jeune femme vit à Ivry-sur-Seine dans une maison-atelier. Un lieu aux allures de décors de cinéma qu’elle a investi en famille. Originaire de la région du Beaujolais, elle est arrivée à Paris « un peu comme beaucoup pour faire des études » dit-elle sourire aux lèvres. Entrée à l’Ecole Olivier de Serres, elle poursuit ensuite ses études aux Arts décoratifs et à l’IFM (Institut français de la Mode). Aujourd’hui elle s’est spécialisée dans la création de vêtements qu’elle teinte elle-même en couleur indigo. Une découverte surprenante que je suis ravie de partager avec vous.
Anaïs, mais c’est fou ! Je n’ai jamais entendu parler de ton métier ni de la teinture indigo ! Comment est née cette passion ?
Ma grand-mère et ma mère cousaient à la maison. Elles faisaient tout ! Les rideaux, les canapés… J’ai toujours eu une machine à coudre entre les mains. Mais le livre qui a changé ma vie c’est celui-ci : INDIGO
Catherine Legrand, l’auteure m’a contacté et j’ai fait toutes les aquarelles sur ce livre. Ensuite je me suis formée avec le chimiste Michel Garcia pour apprendre à faire ma couleur. J’ai développé ce savoir-faire en même temps que je développais mes collections.
Et puis j’ai eu envie de faire des éditions. Mes projets naissent souvent d’une rencontre avec une matière ou sont parfois en rapport avec le traitement de l’indigo sur une matière. Ca peut aussi être une rencontre avec un artiste pour une collaboration.
C’est quoi exactement l’indigo ?
La cuve indigo, c’est l’opposé de toutes les teintures que vous pouvez connaître. En teinture, tu jettes ton bain une fois que tu l’as utilisé. L’indigo c’est comme le vin. Il y a une mise en fermentation de certains composants naturels. La cuve a une naissance, une vie selon la façon dont tu travailles… Et une mort.
C’est complétement naturel. On composte une plante qui vient d’une coopérative qui s’appelle Living Blue au Bangladesh. On l’appelle « l’or bleu » !
On teint dans la cuve et au dessus de la cuve car il faut oxygéner sans cesse. Plus la teinte désirée est sombre plus ça prendra du temps…
Sur quel type de projet travailles-tu ?
En ce moment j’ai une pièce exposée à Tokyo. Je fais des projets à la commande. C’est un savoir-faire qui n’est pas très présent en France. Un jour j’ai réalisé une pièce de 12 mètres de tissu pour faire un fond bleu qui servait à un photographe présent sur le Festival de Cannes.
Il y a aussi beaucoup de clients qui relancent des business et qui veulent des matières naturelles. Récemment j’ai fait des tabliers !
Mon projet le plus fou ? Ca serait… Pourquoi pas de la haute couture ?
Article réalisé en partenariat avec l’INMA, Institut National de Métiers d’Art
Texte et Photographies : Jessica LIA @thefrenchmakers